3 clés pour stimuler le dialogue avec ses proches

On a tendance à dire que les personnes âgées se répètent souvent, et cela parfois au détriment de leur entourage. Mais nous sommes-nous déjà posés les bonnes questions afin de comprendre pourquoi se répètent-ils ainsi ? Avant que les relations ne soient affectées par ce genre de phénomène, nous vous invitons à évaluer les différentes causes de cette attitude et d’envisager des solutions pour enrayer la tendance. Avec le témoignage de Martin, 55 ans, et de son père Joseph, 75 ans, nous découvrons comment restimuler le dialogue avec amour et humour !

 

“Ce sont surtout les petits-enfants qui nous faisaient remarquer que mon père racontait toujours les mêmes choses. Pour moi, c’était normal et j’attribuais ça à la douce nostalgie de l’âge. Mais face au manque d’intérêt de mes enfants pour leurs grands-parents, j’ai commencé à m’inquiéter et j’ai souhaité prendre les choses en main.”

 

Le cerveau se développe tout au long de notre vie ! En effet, grâce à la plasticité cérébrale, nous sommes capables d’acquérir et de développer des connaissances ad vitam. Ainsi, régulièrement stimuler le cerveau peut créer de nouveaux neurones à partir de cellules souches ainsi que de nouvelles connexions entre eux. Il n’est jamais trop tard pour débuter et surtout il ne faut jamais arrêter !

Les clés pour retrouver le plaisir de la conversation

 01. Vérifier l’état de la santé mentale de votre proche

  • Détecter les troubles de la mémoire
  • Garder son calme et rester vigilant

Comme tous les organes, le cerveau est également soumis au vieillissement. En conséquence, la réactivité d’esprit est moins vive, l’apprentissage ralenti et la mémoire moins bonne. Toutefois, comme les autres muscles du corps, bien stimulé, le cerveau préserve ses capacités cognitives et est à même d’en développer d’autres.

 

“En prenant le temps d’en parler avec mon père, j’ai pu comprendre qu’il ne s’agissait pas d’un manque d’attention ou d’intérêt de sa part pour les discussions actuelles, mais plutôt que sa mémoire immédiate commençait à s’affaiblir.”

 

Les troubles de la “mémoire immédiate” sont les premiers à apparaître. La personne se souvient de tout le passé mais oublie tout ce qu’on lui dit, tout ce qu’elle vient de faire. Il convient d’être vigilant sur différents points tels que la baisse de la capacité à exprimer et à comprendre le langage, à s’orienter, à savoir se servir des objets ou à effectuer toutes sortes de gestes habituellement automatiques, ou encore à programmer sa journée. 

 

Ainsi, sont à prendre en considération toutes formes d’agitations, de répétitions, de comportements d’isolement, de dépression ou d’anxiété. Il est particulièrement difficile pour l’entourage de détecter ces signaux car bien souvent la personne concernée se justifie par des explications tranchées et logiques, pouvant conduire à des conflits au sein des familles.

 

En cas de doute, n’hésitez pas à consulter un médecin : il arrive que les familles soient confrontées de manière soudaine et brutale à la maladie l’Alzheimer. En effet, la « banalisation » des erreurs humaines est commune au sein des foyers, qui les attribuent naturellement à l’âge. On n’est donc jamais assez prudent lorsque l’on fait contrôler par un professionnel de santé l’état mental de notre proche.

 02Aider votre proche à retrouver des activités stimulantes

  • Développer la vie sociale de votre proche
  • Encourager une activité physique adaptée

En général, en vieillissant, nous pratiquons moins d’activités et nous diminuons nos cercles de sociabilité. C’est un fait à prendre en compte car il peut être à l’origine de nombreux autres problèmes.

 

C’est pourquoi nous vous recommandons d’aider et d’encourager votre proche à pratiquer des activités pour exercer les différentes zones de son cerveau. Cela peut être la pratique de mots-croisés, sudoku mais aussi des jeux de sociétés en famille. Par exemple, des jeux qui requièrent de se rappeler d’informations qui ont été demandées ou données ; ou encore des jeux de stratégie tels que Risk, le Loup-Garou, ou encore la célèbre bataille navale… Les conversations sont également un bon moyen pour stimuler votre proche qui devra ainsi faire l’effort de se souvenir des choses dites pour la prochaine fois, tout comme les sorties au cinéma ou au restaurant… Attention cependant à ce que les exercices ou jeux proposés à votre aîné soient adaptés à sa réalité : en cas de difficulté trop importante, il pourrait développer un sentiment de peine ou de frustration.

 

“Du coup, ensemble, nous avons élaboré un plan d’attaque ! Oui, je voulais prendre les choses avec humour. Donc, mon père a décidé d’une activité à pratiquer à laquelle je l’accompagnerais toutes les semaines, et nous l’avons abonné à un quotidien. Ainsi, lorsque les petits-enfants l’appellent, ils lui posent des questions et parlent de sujets plus actuels afin de stimuler sa mémoire immédiate.”

 

Des études démontrent également que les personnes qui présenteraient le moins de signes de vieillissement au niveau de leur cerveau seraient celles qui auraient déclaré la pratique de plusieurs activités physiques*.

 

*http://sijeveux.fr/comment-faire-face-aux-risques-physiques-de-lavancee-en-age/

 03. Savoir écouter véritablement votre proche

  • Distinguer l’empathie de la bienveillance
  • S’intéresser à ses émotions

Un dernier point qui n’est pas des moindres concerne la qualité de notre écoute. Certaines personnes peuvent se répéter car elles ne se sentent pas ou plus entendues. Elles ont l’impression de ne plus faire partie des conversations, de ne pas être intégrées ou de ne plus être « à la page » des sujets abordés. Avec les tracas du quotidien, il peut arriver d’écouter avec une oreille absente, écouter sans entendre, être là sans être présent. Comment être certain d’écouter vraiment votre proche ? Comment le lui montrer ?

 

“Cette histoire a sensibilisée toute la famille sur notre façon de nous adresser les uns aux autres, et sur comment nous prenions en compte ce que nous nous disions. On s’est remis en question et maintenant nous essayons véritablement de nous écouter, c’est-à-dire de créer les conditions pour se parler et être entendu. Et tout ça, grâce à mon père d’une certaine façon !”

 

Il s’agit de l’écoute dite empathique. L’empathie est différente de la bienveillance. Il s’agit de prendre la mesure de l’intensité de ce que l’autre est en train de vivre. Pour ce faire, il faut réussir à se mettre entre parenthèses et à écouter les émotions de l’autre. Ça veut dire aussi éviter de dire ce que l’on pense tant que l’autre ne nous l’a pas demandé, et ne pas se transformer en analyste ou en conseiller.

 

Exemple de questions à se poser lors d’une écoute empathique :

 

  • Quels sont les sentiments que l’autre éprouve ? Quels sont ses besoins ?
  • Est-il prêt et souhaite-t-il entendre mon point de vue ?
  • A-t-il bien compris ce que je voulais dire ?

 

Pour que votre aîné puisse participer aux conversations de manière constructive, n’hésitez-donc pas à évoquer l’histoire, ou son passé personnel : montrez-lui de l’intérêt. Les petits-enfants peuvent d’ailleurs profiter de cela pour communiquer avec leurs grands-parents : vos parents pourront leur raconter des moments de leur vie et les instruire de par leur vécu, tandis que les enfants pourront leur montrer de nouvelles choses et les mettre à jour sur les tendances et les changements de l’époque actuelle*.

 

La répétition est un phénomène qui nécessite que l’on y prête attention, car cela peut être les prémisses d’une maladie plus grave. Cependant, gardez à l’esprit qu’elle peut tout simplement être le résultat d’un sentiment d’exclusion de votre proche : soyez-donc tolérant et tentez d’aider au mieux votre parent à retrouver de la conversation. Et n’hésitez-pas à en parler à son médecin, le plus tôt, c’est le mieux. Plus vite détecté, plus efficaces seront les techniques de stimulation.

 

*http://sijeveux.fr/comment-faire-face-aux-risques-physiques-de-lavancee-en-age/