Mélanie Berger-Volle, ancienne résistante au parcours exceptionnel, fête ses 100 ans

Les Jardins d’Arcadie de Saint-Etienne se préparent à fêter les 100 ans de la résistante Mélanie Berger-Volle, ce vendredi 8 octobre à partir de 15h30, à l’occasion d’un après-midi festif en présence de Madame Nicole Aubourdy, Adjointe au Maire de Saint-Etienne.

Découvrez le parcours exceptionnel d’une résidente exceptionnelle

Mélanie Berger-Voll est née en Autriche, à Vienne, en 1921.

 

Après avoir achevé sa scolarité au collège, elle a appris le métier de corsetière dans le cadre de son apprentissage de couturière. Elle dit avoir développé une pensée politique à partir de l’âge 13 ans. Socialisée politiquement dans le mouvement ouvrier, elle a, dès l’âge de 15 ans, participé à des activités illégales contre l’austrofascisme.

 

En mai 1938, menacée d’emprisonnement en tant que juive et communiste après l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne nazie, elle traversa l’Allemagne en autostop pour se rendre en Belgique, à Anvers où elle séjourna illégalement. Elle passa en France avec des amis début 1939 parmi les travailleurs frontaliers, vêtue en homme. A Paris, elle fut tout d’abord protégée par son nom aussi français qu’allemand et obtint même une autorisation de séjour.

 

Au début de la Seconde Guerre mondiale, elle fut toutefois poursuivie comme les autres antifascistes en tant qu’ennemie étrangère et transférée à Clermont-Ferrand. Mais elle réussit à échapper à l’incarcération et trouva un travail comme bonne chez un avocat. Elle put ainsi échapper provisoirement à la détention.

Pour échapper à la Wehrmacht, elle se rendit dans le sud de la France à Montauban. Elle distribua aux soldats allemands des tracts anti-hitlériens.

 

Le 26 janvier 1942, elle fut arrêtée par la police de Toulouse au 3 quai Docteur-Laffargue et conduite au commissariat de Montauban où elle fut interrogée, battue et ensuite transférée à la prison Saint-Michel à Toulouse. Le 18 décembre 1942, elle fut condamnée par la cour d’appel de Toulouse à 15 ans de travaux forcés et à 20 ans d’interdiction de séjour pour « activités communistes et anarchistes » et pour diffusion, dans un but de propagande, de tracts de nature à nuire à l’intérêt national. Après son procès, elle est transférée à la prison des Baumettes à Marseille.

 

Après avoir été transférée en octobre 1943 à l’hôpital-prison pour être soignée d’une jaunisse aigüe, elle put être libérée lors d’une action spectaculaire par des membres de son groupe auxquels s’était joint un soldat en uniforme de la Wehrmacht qui voulait déserter et qui avait pu être convaincu de participer à cette action. Ils vinrent la chercher pour un interrogatoire avec de faux papiers de la Gestapo. Mélanie Berger avait pu auparavant expliquer clandestinement depuis l’hôpital comment elle pouvait être délivrée.

 

Désormais libre, elle se réfugia à Lyon pour reprendre son combat, prit contact avec la résistance française et poursuivit son engagement dans la Résistance avec de faux papiers et sous divers noms. En 1944, elle sera à nouveau interpellée à Paris juste avant la Libération.

 

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, elle vécut à Paris et devint citoyenne française en 1947. Lors d’une visite à ses parents en Autriche, elle fit la connaissance du journaliste français Lucien Volle, son futur mari. Volle avait eu des responsabilités dans la Résistance et était connu sous le nom de « Capitaine Lulu » dans le groupe de résistance « Lafayette » en Haute-Loire. Après avoir vécu 10 ans à Vienne, le couple retourna en France, à Drancy.

 

Mélanie Berger-Volle a travaillé pour la municipalité de Drancy. Son mari et elle se sont engagés dans différentes associations d’anciens résistants comme l’ANACR (Association nationale des anciens combattants de la Résistance). À la retraite, le couple déménagea en Haute-Loire et se consacra ensemble au travail de mémoire jusqu’à la mort de Lucien Volle le 4 aout 2012. En dépit de son grand âge, elle continue à témoigner dans les écoles.

 

Elle a reçu toutes les distinctions honorifiques de la Résistance ainsi que la Médaille des évadés ; elle est Chevalier des Palmes académiques et de l’ordre national du Mérite. Pour son inlassable travail de mémoire en tant que témoin de son époque, elle a été décorée de La Légion d’honneur le 13 juillet 2013 par le Président François Hollande. Le 19 juin 2015, l’ambassadrice d’Autriche Ursula Plassnik lui a remis le Mérite d’or de la République d’Autriche, attribué par le président autrichien Heinz Fischer, lors d’une cérémonie à l’ambassade d’Autriche à Paris.