Les relations amoureuses des seniors
L’amour et les seniors… C’est un sujet dont on parle très peu, et pourtant ! À l’heure où l’espérance de vie augmente, les seniors changent et leur sexualité aussi. Elle présente de nombreux paradoxes dans notre société. Lorsque nous sommes jeunes, nous avons presque l’impression de devoir rendre des comptes sur nos performances sexuelles, puis, passé un certain âge, il faudrait arrêter tout rapport affectif et être discret. Avec cet article, et grâce au témoignage de Véronique, 50 ans et de sa mère Renée, 76 ans, nous souhaiterions contribuer à changer l’image que nous avons sur la génération des plus de 60 ans, et sur les normes qui lui sont attachées.
“Ma mère a un nouveau partenaire de vie depuis quelques années. Après le décès de mon père, j’ai mis du temps à l’accepter, ce qui m’a fait me poser beaucoup de questions. Pourquoi cela me dérangeait-il à ce point ? Au final, être amoureux, avoir du désir pour quelqu’un, ça fait totalement partie de la vie.”
Les seniors aussi se disent oui !
En france, les seniors sont de plus en plus nombreux à se marier. Selon l’INSEE, 17286 personnes âgées de plus de 60 ans se sont mariées en 2012 contre 14748 en 2006, ce qui constitue une augmentation de 21% en 6 ans. Passé un certain âge, on continue à mener une vie sans complexe et vouloir être heureux.
Les fausses idées reçues sur l’amour et le vieillissement
Préjugé n°1 : le désir sexuel s’atténue avec l’âge
- Une évolution selon l’âge et les personnes
- Un épanouissement décomplexé
Les seniors sont nombreux à affirmer que leurs fantasmes sont encore forts, qu’ils se sentent plus libres et ressentent moins de pression que les plus jeunes. En effet, la sexualité ne s’arrête jamais vraiment : elle peut évoluer avec l’âge et selon les personnalités. Elle change et se présente sous de nouvelles formes. Sensualité, tendresse, rencontre ou encore intimité sont des mots clés pour décrire avec bienveillance une sexualité autre, mais toute aussi satisfaisante. Avec les seniors, nous avons souvent entendu qu’il n’y avait pas de désir sans amour et tendresse. Le désir de l’autre est perçu dans un contexte plus large qui prend également en compte le sentiment de sécurité et de bienveillance. Il s’agit d’un sentiment amoureux plus profond.
“Un jour, visiblement agacée de me voir toujours dubitative quant à sa relation, ma mère m’a expliqué les choses ainsi : le désir de l’autre s’est déjà de le voir, de lui parler, de partager un moment avec lui… ensuite, si cela se prolonge au lit, ça ne regarde personne d’autre que nous.”
Ce n’est pas la recherche d’un compagnon ou d’une aventure d’une nuit, mais bien d’un partage de moments, de sorties, de loisirs. Les stimulations sont variées et embrassent davantage ce que le présent peut offrir. Aussi, loin de s’atténuer, le désir prend une forme plus globale et plus libre qu’il convient de respecter.
Préjugé n°2 : passé un certain âge, il n’est plus possible d’avoir des rapports physiques.
- Le partage d’une intimité nouvelle
- L’abandon du passé
La vie sentimentale des seniors s’ouvre sur d’autres possibilités de découverte de soi et de l’autre. Au lieu d’être tourné vers une certaine obligation de performance, avec l’avancée en âge, c’est l’ensemble de nos sens qui est mis en jeu. Toucher la main d’un partenaire, le serrer contre soi, l’embrasser… La sexualité change, s’adapte au vieillissement des corps et devient plus sensuelle. Elle accueille ce qui est possible au moment présent. Ainsi, il n’est pas rare du tout que les plus de 60 ans aient eu des rapports affectifs divers au cours des derniers mois.
“Je crois qu’en voyant ma mère s’épanouir ainsi, ça me donne plus confiance en l’avenir. Tout ne s’arrête pas et loin de là ! Certes nous vieillissons, mais notre coeur et sa capacité à aimer et désirer restent intacts.”
Bien sûr, sans changement, en vieillissant, certaines personnes abandonnent leur vie amoureuse. Pour celles et ceux dont le tempérament amoureux est bien présent, en adaptant leur sexualité, ils pourront vivre une vie érotique jusqu’à la fin de leurs jours !
Préjugé n°3 : les seniors n’ont plus l’énergie pour aimer
- L’amour comme force de vie
- La sexualité comme protection d’un sentiment de vieillesse et de perte
Le sentiment amoureux envers quelqu’un contribue à maintenir une certaine vitalité. Nous pouvons l’expliquer de façon scientifique. En stimulant le contact physique, le corps produit plus d’hormones dont les ocytocines, dites hormones du bonheur. Au niveau psychologique, les personnes en relation amoureuse ont davantage envie de vivre, de faire des projets et de regarder vers l’avenir.
“Depuis sa rencontre, ma mère prend de nouveau plaisir à prendre soin d’elle. Elle n’oublie plus d’aller à sa gym douce et surtout, je remarque qu’elle est redevenue coquette ! Après la mort de papa, elle a eu des temps difficiles où elle se laissait vraiment aller. Maintenant, elle sourit de nouveau à la vie, et elle se sent jeune ! À vrai dire, je ne l’avais jamais vu comme ça !”
En effet, pour certaines personnes dont l’être aimé est décédé, il faut savoir que le lien érotique ne disparaît pas avec la mort. Ce lien reste un moyen d’être en contact et peut aider à dépasser la douleur de la perte. Le fait de retrouver un nouveau partenaire de vie après une telle épreuve, ne doit aussi pas mener à un sentiment de culpabilité : il est normal de souhaiter démarrer une nouvelle période de votre vie et de ne pas vouloir s’éteindre seul. L’être cher disparu le souhaiterait certainement également.
En conclusion, les chercheurs insistent pour dire que les relations entre seniors doivent être prises en compte et encouragées. En tant qu’enfants, vous pouvez encourager les couples âgés à passer du temps entre eux et à s’aménager des lieux d’intimité même dans des structures d’accueil.